Pour bon nombre de propriétaires d’entreprise actifs, les responsabilités quotidiennes sont évidentes : croissance du revenu, gestion des dépenses et stabilité des flux de trésorerie. Mais que se passerait-il si la personne qui gère toutes les opérations financières d’une entreprise venait à décéder?

Le décès prématuré d’un propriétaire actif peut présenter une série de défis, tant financiers qu’opérationnels. L’absence d’une planification appropriée peut entraîner une perte de revenus, une hausse des dépenses et une fluctuation des flux de trésorerie.

Le présent article aborde les principaux facteurs financiers qui sont susceptibles d’avoir une incidence sur une entreprise à la suite du décès d’un propriétaire actif. Vous en apprendrez plus sur les techniques d’évaluation des pertes économiques, qui s’appuient sur les catégories clés des dépenses d’entreprise dont les propriétaires doivent tenir compte, notamment lors d’une période de transition ou d’un événement imprévu. 

1. Éléments de passif

Les créanciers surveilleront de près la santé financière de l’entreprise avec laquelle ils ont conclu une entente de paiement s’ils constatent des changements au sein de l’équipe de direction de cette dernière, qu’ils soient planifiés ou non. S’ils estiment que le successeur ne possède pas l’expérience requise, ils peuvent réévaluer les modalités de prêt ou exiger un remboursement immédiat, compte tenu de facteurs tels que les stocks, les lignes de crédit ou le financement d’équipement. De plus, durant la période de transition, il est courant que les flux de trésorerie affichent une baisse, ce qui peut entraîner une renégociation des conditions de crédit. Chacun de ces facteurs peut mettre en péril la stabilité financière de l’entreprise et compromettre son succès à plus long terme.

2. Obligations au titre des contrats de location

La plupart du temps, le bail commercial (bureau ou bâtiment) représente des coûts fixes non négociables pendant la durée du contrat. Si l’entreprise connaît une baisse d’activité, même si celle-ci est temporaire, à la suite du décès d’un propriétaire actif ou en raison de changements au sein de son équipe de direction, il peut être difficile de gérer ces coûts fixes.

3. Revenus différés perçus à l’avance

Il arrive souvent que des entreprises perçoivent des sommes à l’avance pour la livraison de marchandises ou la prestation de services à une date ultérieure, par exemple, sous forme de dépôt ou de provision. Tant qu’il n’y a pas eu de livraison de marchandises ou de prestation de services, ces sommes ne peuvent être considérées comme des recettes gagnées. En cas de perturbation de ses activités, l’entreprise pourrait ne pas respecter ces obligations, ou ses clients pourraient exiger un remboursement, ce qui constituerait un élément de passif.

4. Récupération de prêts d’actionnaires

De nombreux propriétaires d’entreprise investissent des fonds personnels dans leurs sociétés sous forme de prêts d’actionnaires. Ces investissements, qui ne constituent pas une part du capital-actions, doivent être comptabilisés et, dans la mesure du possible, récupérés, notamment lors du départ ou du décès de l’actionnaire.

5. Créances irrécouvrables

Les revenus comptabilisés mais non perçus constituent un risque. Si, au décès d’un propriétaire actif, il y a des changements au sein de l’équipe de direction de l’entreprise, les relations avec les clients peuvent s’affaiblir, rendant ainsi certaines créances difficiles à récupérer, voire irrécouvrables. Ce type de situation peut nuire aux flux de trésorerie de l’entreprise et à sa rentabilité.

6. Remplacement d’une personne-clé

Remplacer un propriétaire ou un dirigeant clé ne se fait pas de manière immédiate. Il s’agit d’un processus qui s’accompagne de dépenses liées à la recherche et à l’embauche d’un remplaçant, la prestation de la formation appropriée et la compensation de toute perte de revenu non récupérable pendant la période de transition. Ces coûts peuvent représenter l’équivalent de trois à dix années de salaire ou de dividendes. La perte d’un employé clé peut aussi entraîner un roulement de personnel ou la perte de clients, ce qui peut nuire davantage à la stabilité de l’entreprise.

7. Convention entre actionnaires

Pour assurer une transition en douceur vers une nouvelle équipe de direction, il est essentiel de bien comprendre la situation financière de l’entreprise. Par exemple, la convention de rachat d’actions doit tenir compte non seulement de la valeur actuelle des parts des actionnaires, mais aussi de la croissance projetée de l’entreprise. Une évaluation fiable repose sur les données financières historiques ainsi que sur une compréhension précise de la participation de chaque actionnaire dans l’entreprise.

8. Honoraires juridiques et comptables

Il est souvent recommandé de faire appel à des professionnels afin de gérer la transition de la manière la plus harmonieuse possible. À cette fin, des honoraires juridiques et comptables peuvent être engagés pour les transferts de parts, les évaluations d’entreprise et le soutien opérationnel aux membres de la famille ou à la nouvelle équipe de direction. Tous ces éléments ont une incidence directe sur la rentabilité de l’entreprise à un moment critique.

9. Coûts intangibles

Certains des coûts les plus importants qu’une entreprise peut encourir lors d’une période de transition sont intangibles. Il s’agit du temps et des efforts nécessaires pour qu’un successeur atteigne le niveau d’expertise de l’ancien propriétaire. Pendant cette phase d’apprentissage, le rendement de l’entreprise peut en pâtir et la continuité de ses activités peut être compromise.

Non seulement la perte d’un propriétaire actif constitue un événement émotionnel, mais elle peut également avoir des répercussions financières. En identifiant et en quantifiant l’impact économique potentiel, l’entreprise peut mieux se préparer à l’imprévu. Un plan bien structuré, étayé par des données financières fiables et des conseils professionnels, permet à l’entreprise de survivre, voire de prospérer, au-delà de la disparition d’un de ses propriétaires.